Self défense et réalité d'une attaque au couteau
Geste de défense face à un coup de couteau
Est il efficace de vouloir s’équiper avec des gants de protection anti-coupure et des protections avant-bras en cas d’agression au couteau ?Tout d'abord regardons ensemble sur cette vidéo ce que peut être une attaque au couteau en théorie, puis en pratique quand il n'est plus question d'apprendre mais de blesser ou tuer.
Vous avez pu constater que le mécanisme qui consiste à exposer la paume de la main en geste de self défense lors d'une attaque au couteau est à peu près l’unique certitude sur les réactions humaines instinctives…
Voici une des preuves de ce geste instinctif comme décrit plus haut:
L’analyse post-mortem, lors de nombreuse études dans la littérature scientifique des pays autres que la France, est le meilleur moyen d’arriver à la classification des blessures de self défenses actives et passives documenté. Ces blessures sont localisées sur les parties du corps qui sont utilisées le plus fréquemment pour se défendre ou se protéger, et se trouvent généralement :
- à l'arrière de l'avant-bras ;
- à l'arrière du bras,
- à l'arrière de la paume de la main.
Homo Sapiens aurait donc par nature une propension dans l’utilisation de ses mains et avant-bras comme tous premier geste de défense. Dans un deuxième temps, les blessures de défense peuvent également se retrouver sur les jambes, les pieds ou le dos.
Les blessures vives de self défense génèrent dans la plupart des cas des plaies incisées sur la paume de la main.
Les blessures passives sont elles plutôt apparentes sur l'extenseur des membres afin de protéger les parties vitales du corps en les recouvrant. Des précautions doivent être prises lors de l'interprétation médico-légale de ces blessures et elles doivent être différenciées des autres plaies. L’étude de S. Chattopadhyay et B. Sukutente (1) met en évidence les différents types de blessures de défense et leurs incidences chez les victimes d'homicide mortel en fonction de leur âge et de leur sexe. Les résultats sont corroborés par des recherches précédentes (2).
Gestes de défense
Dans la présente recherche (1), des blessures dû à des gestes de défense ont été constatées dans 48 % des cas de victimes d'homicide. Ce qui nous informe que dans tous ces cas, les victimes pouvaient, au moins pour un instant, juste avant l’assaut, appréhender l'agression avec des gestes de défense. Ainsi, en se protégeant, ils ont subi des blessures de défense.
Les hommes sont plus sujets à ce genre de blessures que les femmes, car ils sont simplement plus souvent exposés à la violence et de ce fait, à cette probabilité de confrontation. Ce fait a été reflété dans cette étude, qui démontre que les hommes du groupe d’âge de 30 à 44 ans sont les victimes les plus courantes de blessures de gestes de défense. Chez les femmes, les victimes du groupe d’âge des 15 à 29 ans étaient les victimes les plus courantes de telles blessures. Cependant, la différence d'incidence des plaies de défense entre hommes et femmes n'a pas été statistiquement significative lors de cette recherche.
Les personnes appartenant au groupe plus âgées sont plus vulnérables aux attaques, générant des homicides en raison de leur action réflexe réduite et du manque de souplesse de leur corps, dû à leur âge. Dans le cadre des enfants, c’est leur manque d’appréhension, leur naïveté et leur moindre pouvoir de résistance par rapport aux assaillants qui font que la présence de blessures de défense est moins nombreuse. En raison de ces motifs physiques et psychologiques, les individus de ces deux groupes d'âge présentaient moins de plaies de défense. Inoue (3) a constaté que lorsque les victimes étaient sous l'influence d'alcool, il n'y avait aucune blessure de défense donc une attitude totalement passive lors de l’attaque
Des armes blanches à arêtes vives ont été utilisées dans 59 cas. Par conséquent, les plaies incisées sont le type de plaies de défense les plus communes signalé dans cette étude. Pollak (5) a constaté que la fréquence des blessures de défense parmi les victimes tuées avec l’utilisation de la force vive variait entre 30 % et 50 %. Dans la recherche menée par Sheikh (5), des armes blanches tranchantes ont été utilisées dans 55,56 % des cas et des objets contondants dans 35,19 % des cas. Dans son étude, Metter (5) a indiqué que les plaies incisées sont les blessures de défense les plus courantes, suivies des coups de couteau et des coupures. Dans une étude menée par Hunt (5), seules 15 % des personnes présentant une seule blessure par arme blanche sont blessées lors de la défense, mais 54 % de celles qui présentaient plusieurs blessures le sont.
Self défense avec les mains
Selon la position de l'assaillant, les mains sont instinctivement utilisées pour se protéger. Dans 70 % des cas, les lésions étaient unilatérales et parmi elles, le côté gauche était touché dans 43 cas. Cette position du « tourné » est une action réflexe reptilienne par laquelle les membres supérieurs sont couramment utilisés pour repousser une attaque. Dans cette étude, la main gauche était plus souvent utilisée par les victimes. Katkichi, Mohanty, Metteret Sheikh (6) ont également tous souligné que le côté gauche était plus vulnérable lors de telles attaques au couteau.
Les membres supérieurs sont le plus souvent utilisés pour se défendre. Ils représentent 79,4 % des cas où des blessures sont constatées sur une seule région du corps. La plupart des blessures sont causées sur l'avant-bras et la main, car il est naturel de se défendre contre une arme offensante par la main ou l'avant-bras. Dans les cas où les victimes ont été poussées au sol et agressées par plusieurs assaillants, des blessures de défense ont été constatées au niveau de plusieurs autres parties du corps, notamment les membres supérieurs, le dos et les membres inférieurs.
Lors des cours de self défense, il est transmis que les mains doivent être fortement utilisées pour des gestes nécessitant force et précision. Au vu des recherches scientifiques, qui reflètent la réalité de ce qui se passe lors d’une attaque au couteau force est de constater par les chiffres, que mal employé et pour tenter d’exécuter des gestes de self défense irréalisable avec les mains dans un contexte réaliste, cela s’avère inutile.
Conclusion
La présence de blessures de défense, en priorité sur les mains et avant-bras corrobore fortement l'opinion que seul des gestes de self défenses pragmatiques, les plus épurés possibles, peuvent être restitués par le cerveau humain. Cela valorise et légitime également l’utilité de s’équiper avec des gants de protection anti-coupure et des protections avant-bras.
Sources
(1) « Pattern of defence injuries among homicidal victims » Saurabh Chattopadhyay, Biswajit Suku. Septembre 2003. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2090536X12000780
(2) « Fatal head injury in homicidal victims » S. Mohanty, M.K. Mohanty, M.K. Panigrahi, S.K. Das. Med Sci Law, (2005)
« Evaluation of mechanical injuries in homicidal deaths (a retrospective study of 5 years) »
G.O. Singh, B.D. Gupta. JIAFM, (2007)
« Homicidal penetrating incised wounds of the thorax – an autopsy study of 52 cases »
J.J. Moar. S Afr Med J, (1984)
« Homicides by sharp weapons »
S. Mittal, S. Garg, M.S. Mittal, A. Chanana, H. Rai. JIAFM, (2007)
« A study of homicidal deaths in Delhi »
A. Gupta, M. Rani, A.K. Mittal, P.C. Dikshit. Med Sci Law, (2004)
« Suicidal and homicidal sharp force injury in a 5 year retrospective comparative study of hesitation marks and defense wounds »
S. Racette, C. Kremer, A. Desjarlias, A. Saunageau. Forensic Sci Med Pathol, (2008)
« Homicidal and suicidal sharp force fatalities in Stockholm, Sweden. Orientation of entrance wounds in stabs gives information in the classification »
T. Karlsson. Forensic Sci Int, (1998)
(3) « Homicidal sharp force injuries inflicted by family members or relatives »
H. Inoue, N. Ikeda, T. Ito, A. Tsuji, K. Kudo. Med Sci Law, (2006)
(5) « Clinical forensic medicine – defense wounds »
S. Pollak, P.J. Saukko. Encyclopedia Forensic Sci (2004)
« Defense wounds in homicidal deaths »
M.I. Sheikh, P. Pranav, K. Vijay. JIAFM, (2009)
« Defence injuries caused by sharp force in homicides »
D. Metter, D. Benz. Z Rechtsmed, (1989)
« Murder by stabbing » A.C. Hunt, R.J. Cowling. Forensic Sci Int, 52 (1) (1991)
(6) « An autopsy evaluation of defense wounds in 195 homicidal deaths due to stabbing »
U. Katkichi, M.S. Ozkok, M. Osral. J Forensic Sci, 34 (1994)
« Defense wounds in homicidal deaths »
M.I. Sheikh, P. Pranav, K. Vijay. JIAFM, 31 (2009)
« Defence injuries caused by sharp force in homicides »
D. Metter, D. Benz. Z Rechtsmed, (1989)
« Self defense injuries in homicidal deaths »
M.K. Mohanty, M.K. Panigrahi, S. Mohanty, J.K. Dash, S.K. Das. JFLM, (2007)
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jacques
Merci pour l’explication , il faut donc garder son sang froid en toutes occasions ,éviter les fausses solutions qui rassurent comme des armes offensives et se dire que c’est d’abord en se protégeant qu’on se donne une chance de résister !